Les tristement célèbres Donnelly immigrent du comté irlandais de Tipperary dans les années 1840. Comme des milliers d’autres immigrants irlandais fuyant la Grande Famine, la pauvreté extrême et les troubles sociaux de leur mère patrie, ils s’établissent dans le sud de l’Ontario rurale. Les Donnelly prennent une terre dans le comté de Huron et choisissent de vivre dans le canton de Biddulph sur la Roman Line, ainsi nommée en raison des catholiques romains irlandais qui s’y établissent. Et les Donnelly, comme la plupart de leurs voisins, sont des immigrants catholiques de la région de Tipperary, Irlande. James et Johannah Donnelly deviennent des squatters (c’est-à-dire qu’ils vivent sur une terre sans avoir dûment signé d’entente ni payé de droit de propriété).
Dans les années 1850, les conflits, pour la plupart violents, font partie du quotidien dans le canton de Biddulph. Les atrocités se multiplient dans la communauté : étripage de bétail, incendies criminels, nombreuses batailles et bagarres, meurtres. À cette même époque, les Donnelly et leurs enfants (James fils, William, John, Patrick, Michael, Robert, Thomas et Jenny) se taillent une réputation à force de se battre à propos de tout et de rien. Certains résidants de la Roman Line dans le canton de Biddulph (qui sont tous catholiques) en viennent à accuser les Donnelly (catholiques aussi, mais amis avec des protestants de la région) de tous les maux qui s’abattent sur la localité. D’ailleurs, comme le dit un vieil adage : « Si une pierre tombait du ciel, ce serait la faute des Donnelly ». Les problèmes de la famille s’aggravent en 1857 quand James Donnelly père tue Patrick Farrell, qui avait acheté la terre que le clan Donnelly s’était illégalement appropriée. Pour échapper aux sanctions, James se cache des autorités pendant près d’un an, quelquefois déguisé en femme. Il finit par se lasser de cette mascarade et se rend lui-même à la police. James Donnelly purgera une peine de sept ans pour son crime. La mort de Patrick Farrell ne fait qu’envenimer l’animosité que certains membres de la communauté ressentent envers les Donnelly. Mais, comme le confirment les archives judiciaires, les Donnelly ne sont pas les seuls à commettre des crimes; ils vivent dans une communauté où se multiplient les incendies criminels et les agressions; une communauté, bref, qui cultive la violence.
Des villageois contrariés, insatisfaits de la façon dont la loi s’administre par voie légale dans le canton de Biddulph, forment un comité de vigilance pour se faire justice autrement qu’en recourant aux actions judiciaires. Leur but est de punir les indomptables Donnelly, dont les crimes culminent dans les années 1870. Conclusion : le 4 février 1880, un incendie détruit la ferme des Donnelly. Les corps de James, de sa bien-aimée Johannah, de leur fils Tom et de leur nièce Bridget se trouvent parmi les cendres. Un autre de leurs fils, John, est lui aussi victime de meurtre la même nuit. Selon les preuves, une bande cruelle et impitoyable, ramification d’une société appelée, ironiquement, « Société pour la paix », en serait responsable. En dépit de nombreuses preuves (dont la déposition d’au moins un témoin oculaire) et de deux procès, personne n’est reconnu coupable de ces crimes.