Qui partage la responsabilité de la mort d'Aurore?
Ages 14-16

CyberMystère 20

Qui partage la responsabilité de la mort d’Aurore?

Auteur : Garfield Gini-Newman

Directrice de la rédaction : Ruth Sandwell

Directeur de la série : Roland Case

https://www.mysterescanadiens.ca

Un défi de pensée critique pour les élèves de 14 à 16 ans

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Aurore Gagnon est une fillette de 10 ans qui, le 12 février 1920, succombe aux mauvais traitements qui lui ont été infligés. Son histoire secoue la communauté et « Aurore, l’enfant martyre » devient un personnage marquant de la culture populaire québécoise. Elle réside dans la petite communauté de Sainte-Philomène de Fortierville. Ce que nous savons sur sa vie est surtout basé sur les révélations de ceux qui sont témoins des mauvais traitements dont elle est victime, sans toutefois tenter de la sauver. Comment cette petite communauté a-t-elle pu devenir si dangereuse pour la jeune fille? Pourquoi personne n’est-il intervenu?

Le mystère qui plane toujours consiste à comprendre comment on a pu permettre qu’une telle tragédie se produise. Le père et la belle-mère d’Aurore, qui lui ont infligé tant de mauvais traitements qu’elle en est morte, devraient-ils être les seuls à être tenus responsables de la mort brutale de la fillette? Ou alors, est-ce que de tierces personnes (c’est-à-dire les voisins, les membres de la famille, les autorités locales, le curé du village et le médecin de famille) ont aussi une part de responsabilité, étant donné qu’elles ont permis à cette violence familiale de perdurer? Le bien-être des enfants repose-t-il sur la seule responsabilité des parents ou est-ce que l’entourage a l’obligation d’assurer la sécurité de tous les enfants?

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Dans le cadre de ce CyberMystère, vous êtes invités à établir, le cas échéant, la responsabilité qu’auraient dû partager les différents membres de la famille et de la communauté dans la mort tragique d’Aurore Gagnon. Même si le père et la belle-mère d’Aurore ont été reconnus coupables de sa mort, plusieurs autres personnes dans la communauté avaient connaissance ou se doutaient de ce qu’Aurore subissait; pourtant, les mauvais traitements ont continué. Est-ce que certaines de ces personnes méritent d’être tenues au moins partiellement responsables de la mort d’Aurore?

D’abord, vous devrez en apprendre davantage sur les circonstances entourant la mort d’Aurore. Après avoir pris connaissance de facteurs pouvant influer sur le fait de tenir une personne indirectement responsable d’un évènement, vous examinerez des documents décrivant les actions de dix personnes de l’entourage d’Aurore. Puis, vous vous servirez des preuves recueillies pour évaluer le degré de responsabilité de chacune de ces personnes dans la mort d’Aurore.

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ÉTAPE 1 : Connaître les détails de l’affaire

Aurore Gagnon meurt le 12 février 1920 dans des circonstances suspectes. Elle voit le jour le 31 mai 1909 à Sainte-Philomène de Fortierville, dans le comté de Lotbinière, province de Québec. Sa mère décède alors qu’Aurore est âgée de huit ans. Son père, Télesphore Gagnon, qui est fermier et bûcheron originaire de Fortierville, se remarie immédiatement à Marie-Anne Houde, une veuve, mère de quatre enfants issus de son union précédente. Aurore meurt deux ans plus tard, à l’âge de dix ans. L’enquête du coroner dévoile qu’elle est morte d’un empoisonnement du sang et d’un épuisement général dus au grand nombre de blessures non soignées dont son corps était couvert.

Le décès d’Aurore sème la confusion au sein de la communauté. On pointe rapidement du doigt sa belle-mère, qui n’avait jamais tenté de cacher la violence qu’elle et son mari infligeaient à l’enfant. Ils sont tous deux immédiatement traduits en justice. Sa belle-mère est reconnue coupable de meurtre au premier degré après qu’ait été rejeté son plaidoyer d’aliénation mentale. Elle est condamnée à être pendue, mais la peine est réduite à l’emprisonnement à vie étant donné qu’elle doit accoucher de jumeaux. Elle meurt en prison quelques années plus tard. Bien que Télesphore Gagnon ait incontestablement participé aux violences infligées à sa fille, il est reconnu coupable d’homicide involontaire, un crime moins grave que celui de sa femme. Il purge une courte peine d’emprisonnement, puis il retourne vivre à Fortierville jusqu’à la fin de ses jours.

Prenez connaissance de l’affaire en lisant trois documents dans la section Contexte de l’affaire sous Éléments de preuve. Ces documents comptent entre autres le témoignage du père d’Aurore et deux articles de journaux publiés peu avant que Marie-Anne Houde (la belle-mère d’Aurore) soit condamnée pour le meurtre d’Aurore.

ÉTAPE 2 : Évaluer la responsabilité individuelle

Votre tâche consiste à évaluer si les différents membres de la famille et de la communauté, autres que le père et la belle-mère d’Aurore, doivent partager la responsabilité de sa mort étant donné qu’ils n’ont rien fait pour l’empêcher. Divers facteurs permettent de justifier le fait qu’on déclare une personne responsable d’un évènement, même si elle n’a pas réellement causé cet évènement. Voici trois facteurs importants qui permettent de déterminer la responsabilité indirecte :

  • Degré de connaissance des actes préjudiciables : plus long une personne en sait sur une situation, plus elle risque d’avoir une part de responsabilité dans l’affaire. Par exemple, quelqu’un qui aurait à peine entendu de vagues rumeurs que de mauvais traitements étaient infligés serait moins exposé à des poursuites judiciaires qu’une personne qui aurait été témoin d’épisodes de violence répétés.
  • Occasion ou capacité d’intervenir : même si les gens n’ont peut-être pas réellement posé le geste répréhensible, ils peuvent quand même être tenus responsables de n’avoir rien fait pour l’empêcher quand ils avaient la chance ou la capacité de le faire – surtout si la personne pouvait facilement poser un geste pour empêcher le tort et que ce geste n’impliquait que peu ou pas d’effort ou de risque pour la personne. Par exemple, une personne qui apprendrait qu’un crime allait être perpétré longtemps avant qu’il le soit et aurait pu faire un téléphone anonyme pour le signaler a une plus grande part de responsabilité que quelqu’un qui prendrait connaissance du crime à la dernière minute et courrait un grand danger en essayant d’empêcher qu’il soit commis.
  • Attentes de la société envers les personnes impliquées : certaines personnes, en vertu de leur rôle dans la société, ont une plus grande responsabilité d’action que d’autres. Par exemple, supposez que vous racontez qu’un crime a été commis à deux personnes : un policier et un touriste. Nous nous attendons davantage à ce que le policier agisse vu sa plus grande responsabilité par rapport à celle du touriste.

ÉTAPE 3 : Chercher des preuves

Votre prochaine tâche consiste à examiner des documents qui relatent les actions de dix personnes qui auraient pu contribuer indirectement à la mort d’Aurore. Seul ou en équipe, lisez les dix documents de la section Témoignages des membres de la famille et de la communauté sous Éléments de preuve. Même s’il y a de nombreux documents, la plupart sont courts et sont constitués principalement des interrogatoires de témoins lors des audiences relatives à la mort d’Aurore.

Au fil de votre lecture, évaluez les preuves à la lumière des trois facteurs permettant d’établir la responsabilité d’une personne qui ont été décrits plus haut. Notez l’information sur chaque facteur dans la grille « Repérer des preuves de responsabilité ».

ÉTAPE 4 : Préparer votre évaluation du degré de responsabilité

Quand vous aurez examiné les documents et noté les preuves pour chacune des dix personnes, vous serez prêts à déterminer, le cas échéant, le degré de responsabilité de chaque personne dans la mort d’Aurore. Placez ces personnes dans les catégories ou degrés de responsabilité suivants :

0     Ces personnes ne devraient aucunement être tenues responsables de la mort d’Aurore.
1     Ces personnes n’ont qu’une légère part de responsabilité dans la mort d’Aurore.
2     Ces personnes ont une part de responsabilité dans la mort d’Aurore, mais elles ne méritent pas d’être punies.
3     Ces personnes ont une part de responsabilité considérable dans la mort d’Aurore et méritent une forme de châtiment.
4     Ces personnes ont une aussi grande part de responsabilité dans la mort d’Aurore que celles qui l’ont réellement tuée.

À l’aide de la grille « Déterminer le degré de responsabilité », notez le nom des personnes dans la catégorie qui correspond à leur degré de responsabilité et expliquez les raisons qui vous poussent à les placer dans cette catégorie.

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La rubrique d’évaluation « Évaluer les preuves et les conclusions » peut être utilisée pour évaluer dans quelle mesure vous avez été capable d’identifier des preuves pertinentes dans les documents historiques et d’en tirer des conclusions plausibles par rapport à la responsabilité individuelle.

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De quelles autres preuves auriez-vous besoin?
Indiquez le nombre et le genre de preuves supplémentaires qui vous seraient nécessaires si vous deviez rédiger un rapport du coroner exposant les mesures les plus importantes à prendre pour éviter qu’une autre mort tragique comme celle d’Aurore ne se produise.

Analysez d’autres documents
Consultez d’autres documents historiques dans le site Web Aurore! Le mystère de l’enfant martyre. Ces documents contiennent des témoignages complets quant au rôle des différentes personnes dans la vie et la mort d’Aurore Gagnon.

Placez-vous dans la peau d’un membre de la communauté
Employez vos talents de détective à tenter de résoudre un autre CyberMystère portant sur la mort d’Aurore. Le CyberMystère 1 vous invite à vous mettre à la place d’une personne vivant dans la communauté de Fortierville et à essayer de comprendre pourquoi les gens n’ont pas protégé cette enfant sans défense.

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Feuille d’activités : « Repérer des preuves de responsabilité »

Feuille d’activités : « Déterminer le degré de responsabilité »

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Contexte de l’affaire

Témoignage

Télesphore Gagnon (père d’Aurore), 13 février 1920

Articles de journaux

« L’affaire Gagnon aux assises de Québec : Une voisine a déclaré que l’accusée lui aurait dit : "Je voudrais bien que la petite Aurore vint à mourir sans que personne en eût connaissance" », La Presse, 15 avril 1920

« Pourquoi les autorités n’ont-elles apporté leur intervention qu’après la mort de la fillette? », La Presse, 17 avril 1920

Témoignages de membres de la famille et de la communauté

Témoignages

Marie-Jeanne Gagnon (sœur d’Aurore), lors de l’enquête du coroner sur la mort d’Aurore Gagnon, 13 février 1920

Oréus Mailhot (juge de paix de l’endroit), 17 février 1920

Exilda Auger (voisine), lors du procès de Télesphore Gagnon pour le meurtre d’Aurore Gagnon, 14 avril 1920

Willie Houde (frère de la belle-mère d’Aurore), lors du procès de Télesphore Gagnon pour le meurtre d’Aurore Gagnon, 19 avril 1920

Émilien Hamel (cousin d’Aurore), lors du procès de Télesphore Gagnon pour le meurtre d’Aurore Gagnon, 24 avril 1920

Georges Gagnon (frère d’Aurore), lors du procès de Télesphore Gagnon pour le meurtre d’Aurore Gagnon, 24 avril 1920

Odilon Auger (voisin), lors du procès de Télesphore Gagnon pour le meurtre d’Aurore Gagnon, avril 1920

Interrogatoires

Adjutor Gagnon (voisin), lors de l’enquête préliminaire de Télesphore Gagnon, 24 février 1920

Vitaline Leboeuf (voisine), lors de l’enquête préliminaire de Télesphore Gagnon, 25 février 1920

Marguerite Leboeuf (cousine d’Aurore), lors de l’enquête préliminaire de Marie-Anne Houde, 11 mars 1920